MESSAGERIES MARITIMES : CARNET D'ADRESSES
Mémoire au double front, inventrice infidèle
Quand je me souvenais de Maracaïbo
Où je ne suis jamais allé de mon vivant.
Si bien que maintenant, ces ports où j'ai cru vivre
Je ne suis plus très sur de les avoir connus.
Louis Brauquier.
Mauvaise mémoire.
A ma cantine.
Pensionnée Honoraire des Invalides de la Marine, ma vieille cantine verte, toute cabossée, coule des jours paisibles dans un grenier, à la campagne.
Elle a pour compagnie une joyeuse bande de mulots.
Elle a froid l'hiver et chaud l'été mais ne s'en plaint pas : celà lui rappelle sa jeunesse. Le froid, le chaud, Hambourg la neige, Saïgon la fournaise.
Elle m'a toujours fidèlement suivi, sans jamais s'égarer, gardienne de mon barda.
Elle a fait plusieurs fois le tour du monde sans jamais rien en connaïtre, à part quelques escapades sur les galeries de toit des taxis, que les fourgons aveugles des trains ou les magasins étouffants des navires.
Alors je lui offre ces images et ces mots.
Et j'ouvre le couvercle.
A l'intérieur, pêle-mêle et à l'abri des mulots, d'anciennes tenues tropicales, une casquette au badge et aux galons ternis, quelques vieilles revues mais surtout ce petit carnet jaune, tout rempli d'adresses et de cartes de visite.