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Pierre Escaillas : Carnets de la Licorne
15 août 2007

A COMME AMIRAL, COMME ASTROLABE, COMME A.M.I, COMME AUBEPINE (SUITE).

          Ma courte - et involontaire - carrière militaire s'est déroulée sous le signe des "A". Après l'Amiral de mon enfance, j'en retrouvais un autre, Préfet Maritime celui-là : j'avais été affecté au Service T.E.R (Transmission, Ecoute, Radar) de la Préfecture Maritime de Cherbourg. J'y coulais des jours paisibles jusqu'au moment où "l'on" décida que j'embarquerais sur un navire d'assistance aux Terre-Neuvas. Je revenais, juste avant mon incorporation, d'un voyage (au commerce) autour du monde, long et épuisant (Pensez donc, Tahiti, Nlle Calédonie, Nlles Hébrides, Australie...) et je n'avais pas la moindre envie d'aller mesurer la hauteur des vagues de l'Atlantique nord. J'objectais donc (mauvais esprit) que la place revenait de droit à un quartier-maître d'active, certainement beaucoup plus compétent que moi. A ma grande surprise, mon objection fut retenue et je restais dans ma chère préfecture.

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B.A.H Astrolabe. Photo ww.alabordage.net

Pas pour longtemps car peu de temps après je fus expédié sur le A780 "Astrolabe", annexe hydrographique en finition aux chantiers navals du Trait, en Normandie. La vie n'y était pas désagréable du tout : logement et repas en pension de famille, tenue civile obligatoire et ma "Dauphine Renault" à la coupée. Malheureusement, lors des essais, nos ingénieurs du génie maritime s'aperçurent que s'ils voulaient garder la quille du navire dans l'eau, il fallait allèger tout ce qui se trouvait hors de cette même eau. L'Astrolabe retourna au chantier et moi à Cherbourg et, en toute logique, je passais du A780 Astrolabe au M781, AMI de la 16ème DIDRA (Division de dragage).

m781
M781. Photo www.netmarine.net

Ces petits dragueurs d'une quarantaine de mètres étaient prévus pour les dragages à proximité des côtes et dans les rades et moins pour les eaux parfois rugueuses de la baie de Seine en plein hiver. Mon premier exercice me fit regretter la pension de famille du Trait. Nous étions cette fois là deux radios logés dans la station exigüe et nous avions glissé nos matelas par terre afin de ne pas tomber plus bas. Hubert, mon collègue, supportait encore plus mal que moi notre situation inconfortable. Assis sur son matelas, un casque de réception radio sur les oreilles, une serviette éponge autour du cou et un seau entre les cuisses, il attendait que ça passe, si je puis dire. Comme il ne s'alimentait plus "ça" passait de moins en moins. De la cuisine, il ne restait que le fourneau qui soit opérationnel, le cuisinier ayant depuis longtemps battu en retraite. Alors nous faisions cuire à même la plaque du fourneau des tranches de steack prises au réfrigérateur et dégustées entre deux tranches de pain. Tout ceci amusait beaucoup les "appelés" venant de la pêche qui avaient le coeur mieux accroché et qui profitaient de la sobriété inhabituelle des autres membres de l'équipage.
J'ai appris bien plus tard que les AMI avaient finalement reçu des noms de baptême (voir à ce sujet la page qui leur est consacrée sur http://www.netmarine.net) et que mon M781 avait été baptisé "Aubépine" ! Heureusement j'avais déjà quitté la Marine militaire, échappant au comique du ruban estampillé "Pétunia", "Géranium" ou "Réséda".

Un peu plus tard je réintégrais mon Astrolabe pour y terminer cette période de ma vie que je regarde maintenant sans nostalgie ni regrets : j'y avais au moins appris la dactylographie. Mais j'aurais pu tout aussi bien m'offrir un cours chez Pigier.

Et toujours "Débarcadères" : http://debarcaderes.over-blog.com

    

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